Man observing solar panels with discarded batteries in Nigeria at sunset
Le boom solaire au Nigéria brille de mille feux, mais sans systèmes de recyclage, les déchets électroniques assombrissent les progrès accomplis.

Boom solaire, menace toxique : le bond en avant du Nigeria en matière d'énergie verte risque de devenir toxique

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Tard un soir à Kano, à la lueur vacillante des lampes à pétrole, Aisha, mère de trois enfants, serre son cadet dans ses bras en sortant. Sur le mur de sa modeste cuisine, un petit panneau solaire penche maladroitement, ses fils s'enroulant dans un boîtier de batterie. Pour elle, ce petit appareil lui a apporté un soulagement face au cycle incessant des coupures de courant. Mais pour beaucoup comme Aisha, la promesse d'une lumière propre a un coût caché, que personne ne semble prêt à payer.

Le Nigeria connaît un essor fulgurant de l'énergie solaire. Les chiffres sont saisissants : de 179 MW en 2023, les projections montrent que la capacité pourrait bondir à 255 MW d'ici 2025, 678 MW d'ici 2030 et atteindre 1 500 MW d'ici 2035. Cette croissance est saluée comme une révolution énergétique propre. Mais derrière l'éclat des panneaux solaires et le ronronnement des onduleurs se cache un problème croissant : les déchets électroniques solaires au Nigeria.

Un avenir brillant avec un côté sombre

L'énergie solaire a transformé des vies partout au Nigeria. Des villages ruraux de Katsina aux quartiers animés de Lagos, les panneaux solaires alimentent désormais les cliniques, éclairent les salles de classe et permettent aux commerçants de prolonger leurs heures de travail. Pour des communautés historiquement laissées pour compte, c'est une véritable révolution.

Pourtant, chaque panneau solaire et chaque batterie ont une durée de vie. Les systèmes solaires domestiques durent généralement entre 5 et 10 ans, les batteries lithium-ion entre 5 et 7 ans, et les batteries plomb-acide encore moins. Alors que les premières vagues d'installations commencent à vieillir, la question se pose : quelle sera la suite ?

AllOn, un investisseur d'impact dans l'énergie hors réseau, estime que les déchets solaires au Nigeria passeront de 3,3 millions de kilogrammes en 2021 à 60,3 millions de kilogrammes d'ici 2040. Sans systèmes officiels de collecte et de recyclage, la plupart de ces déchets finiront dans des décharges à ciel ouvert ou seront décomposés par des récupérateurs informels. Les panneaux contiennent des métaux comme le plomb et le cadmium ; endommagés ou brûlés, ils libèrent des toxines dans le sol et l'air, menaçant la santé et les écosystèmes.

Batteries : les pollueurs silencieux

Le véritable danger réside dans les batteries. La batterie d'Aisha, une batterie au plomb-acide achetée à bas prix sur un marché voisin, risque de tomber en panne d'ici quelques années. Sans filières d'élimination claires, ces batteries laissent souvent échapper de l'acide, contaminant les nappes phréatiques, ou sont démontées sans équipement de sécurité, exposant ainsi les personnes qui les manipulent à des substances dangereuses.

Le recyclage informel est une réalité croissante. Dans de nombreuses villes nigérianes, les récupérateurs de déchets démantèlent les batteries usagées pour les transformer en ferraille, et jettent le reste. Ce commerce non réglementé alimente la dégradation de l'environnement et expose des communautés entières à des matières dangereuses. Il porte également atteinte aux principes mêmes d'une transition énergétique juste.

Des politiques qui n'ont pas encore été mises à jour

Le Plan directeur des énergies renouvelables du Nigeria (REMP) fixe des objectifs ambitieux, notamment 10% de production d'électricité à partir d'énergies renouvelables d'ici 2025. Pourtant, alors que le déploiement est en hausse, la réglementation sur la gestion de fin de vie est loin derrière.

La Responsabilité Élargie des Producteurs (REP), une bonne pratique mondiale qui responsabilise les fabricants sur le cycle de vie de leurs produits, est peu appliquée dans le secteur solaire. Résultat ? Les importateurs, les distributeurs et les utilisateurs évoluent dans un système où il est plus économique d'ignorer le problème des déchets que de le résoudre.

Le problème des déchets électroniques solaires n'est pas propre au Nigéria. Partout en Afrique, du Kenya à l'Afrique du Sud, les pays sont confrontés au défi d'harmoniser le déploiement des énergies renouvelables avec la gestion durable des déchets. Mais le Nigéria, avec sa population en pleine expansion et sa demande énergétique en forte croissance, risque de devenir l'épicentre d'une crise des déchets électroniques.

Les innovateurs ouvrent la voie

Certaines start-ups tentent de changer la donne. SLS Afrique, une entreprise de recyclage, a redirigé plus de 100 tonnes de déchets de batteries des décharges en 2023, étendant ses opérations au Nigéria. QuadLoop, une entreprise basée à Lagos, transforme des composants solaires usagés en produits fonctionnels, comme des lampes à faible consommation d'énergie. Ces exemples prouvent que des solutions existent. Mais sans déploiement à grande échelle et sans soutien de l'État, elles restent des réussites isolées.

C'est là que politique et innovation doivent converger. Imaginez si le Nigéria créait des zones d'entreprises vertes dédiées au recyclage des énergies renouvelables, offrant des avantages fiscaux, une assistance technique et un accès au marché aux entreprises transformant les déchets en ressources.

À quoi ressemble une transition juste

Une transition énergétique juste au Nigéria ne peut pas simplement signifier le remplacement des plateformes pétrolières par des fermes solaires.Cela doit signifier concevoir des systèmes équitables, inclusifs et durables à chaque étapeCela comprend :

  1. Formalisation des systèmes de collecte : mise en place de points de collecte désignés pour les déchets électroniques dans tout le pays.
  2. Renforcer la réglementation : appliquer la REP dans le secteur solaire.
  3. Sensibiliser les consommateurs : mener des campagnes publiques sur l’élimination sûre des déchets.
  4. Soutenir l’innovation : financer les start-ups travaillant sur des solutions de gestion des déchets solaires.
  5. Collaboration régionale : apprendre des pays dotés de programmes établis de recyclage des déchets électroniques.

Un impératif mondial et local

Ce n’est pas seulement un problème nigérian ; c’est un défi mondial. Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) Selon les prévisions, d'ici 2050, les déchets cumulés de panneaux solaires dans le monde pourraient atteindre 78 millions de tonnes. Si l'Afrique parvient dès maintenant à innover en matière de solutions durables, elle évitera de répéter les erreurs des pays industrialisés.

Dans le contexte nigérian, la gestion des déchets électroniques solaires pourrait également créer des emplois. Les industries de réparation et de remise à neuf peuvent prolonger la durée de vie des panneaux et des batteries, tandis que les usines de recyclage peuvent réintégrer des matériaux dans la production. Il s'agit d'une opportunité à la fois environnementale et économique.

Le lendemain d'Aïcha

De retour à Kano, Aisha ne pense pas aux déchets électroniques. Elle pense à laisser la lumière allumée pour les devoirs de ses enfants, à pouvoir alimenter un petit ventilateur par une chaude nuit. Mais le compte à rebours de sa batterie signifie que dans quelques années, elle pourrait se retrouver avec un objet toxique et inutile.

La responsabilité d'empêcher un tel scénario n'incombe pas à Aisha, mais aux décideurs politiques, aux investisseurs et aux acteurs de l'industrie qui stimulent l'essor de l'énergie solaire. Les déchets électroniques solaires au Nigeria sont un problème qui peut être résolu, mais seulement s'il est traité avec urgence et prévoyance.

Conclusion : Éclairage sans ombres

Le Nigéria a l'opportunité de devenir un leader africain dans la construction d'un secteur des énergies renouvelables à la fois vert et propre, du berceau à la tombe. L'alternative est un avenir où les promesses de l'énergie solaire sont ternies par des montagnes de déchets toxiques.

Pour Aisha et des millions de personnes comme elle, la mesure du progrès ne se fera pas uniquement en mégawatts installés, mais si la lumière dont ils jouissent aujourd'hui ne laisse pas d'ombres demain.

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