Chaque jour, des chargements de lithium, de cobalt et de manganèse quittent le sol africain à destination de la Chine, de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Ces éléments sont essentiels à la transition énergétique : ils sont utilisés dans les panneaux solaires, les véhicules électriques et le stockage par batteries.
Pourtant, la plupart de ces minéraux sont exportés à l'état brut. Pas de raffinage, pas de transformation. Pas de véritables emplois. Juste des redevances.
Voici comment l'Afrique participe à l'économie verte. Nous creusons, ils gagnent.
Et maintenant, même lorsque les investisseurs veulent installer des usines de transformation ici, un nouveau monstre apparaît : la volatilité des devises.
La crise monétaire dont personne ne parle
J'ai discuté avec des investisseurs, petits et grands, intéressés par le raffinage de minéraux au Nigeria, en Zambie et en RDC. La même crainte revient sans cesse :
« Vincent, si nous investissons 1 million de livres sterling (TP4T10) aujourd’hui et que le naira s’effondre demain, nous perdrons la moitié de notre argent du jour au lendemain. »
Ce n'est pas de la fiction. Au Nigéria, le naira a perdu plus de 601 TP3T de sa valeur en moins d’un an. Entre juin 2023 et début 2024, le cours de l'or est passé de 460 nairas/$1 à plus de 1 400 nairas/$1 sur le marché officiel. Une telle fluctuation peut anéantir les marges bénéficiaires et freiner les investissements avant même qu'ils ne commencent.
Pourquoi c'est important
Sans transformation locale, l'Afrique reste un avant-poste en matière de matières premières dans une économie énergétique propre de plusieurs milliards de dollars. Nous exportons du lithium ; nous importons des batteries. Nous exportons de la bauxite ; nous importons des panneaux solaires. La véritable valeur est captée ailleurs.
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Il ne s’agit pas seulement d’une mauvaise situation économique : c’est une trahison envers notre jeunesse, notre main-d’œuvre et notre potentiel de développement.
Le risque de change rejoint désormais les suspects habituels – infrastructures défaillantes, réglementation incohérente et pénuries d’électricité – parmi les raisons pour lesquelles l’Afrique n’ajoute pas de valeur à ses minéraux.
Ce que demande la société civile
Au sein de la société civile, nous ne sommes pas contre les investisseurs étrangers ; nous les accueillons favorablement. Mais nous exigeons des accords plus judicieux et nous faisons entendre notre voix :
- Raffiner au moins une partie des minéraux ici.
- Construire des chaînes d’approvisionnement locales.
- Partagez la technologie et améliorez les compétences des travailleurs locaux.
Nous appelons également les gouvernements africains à :
- Couverture contre la volatilité des devises pour réduire les risques liés aux investissements industriels (par exemple, stabilisation du forex pour les secteurs stratégiques).
- Créer des zones économiques spéciales avec une alimentation électrique garantie, une réglementation stable et des incitations fiscales pour le traitement des minéraux.
- Développer une stratégie panafricaine de valorisation des minéraux, coordonnée par l’Union africaine.
Est-ce faisable ? Absolument, mais pas sans réforme.
Des pays comme l’Indonésie ont interdit les exportations de nickel brut, obligeant ainsi le traitement à se faire localement. Le résultat ? Un secteur aval en plein essor. La Chine contrôle plus de 80% de raffinage non pas en raison de ses ressources naturelles, mais en raison d’un alignement politique.
Nous pouvons y parvenir, nous aussi. Mais pas avec des taux de change chaotiques ni des politiques à court terme.
L'essentiel
La transition énergétique de l’Afrique ne peut pas se faire avec de la poussière exportée et des technologies empruntées.
Si nous voulons passer de du creusement à la conception, depuis extraire pour autonomiserNous devons remédier à ce qui éloigne les investisseurs, en commençant par nos devises.
Nous ne demandons pas de miracles. Nous demandons justice, respect et leadership.
Parce que les véritables minéraux dont nous avons besoin ne se trouvent pas seulement sous terre : ce sont des politiques, une vision et du courage.
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Vincent Egoro est une voix africaine de premier plan en matière de transition énergétique juste, d'élimination progressive des combustibles fossiles et de gouvernance des minéraux critiques. Fort de plus de dix ans d'expérience en plaidoyer régional, il œuvre à l'intersection de la transparence, de la responsabilité et de la durabilité, promouvant des solutions communautaires qui placent l'Afrique au cœur de l'action climatique mondiale.


