A large stack of shipping containers at an African port under a cloudy sky, symbolising Africa’s trade, debt, and economic ties in the global climate finance conversation.
L'avenir financier de l'Afrique est prometteur : à mesure que la dette augmente et que les risques climatiques s'accroissent, de nouvelles voies de financement, comme les échanges de dettes contre des mesures climatiques, gagnent du terrain.

Le dilemme de la dette : les accords sur le climat peuvent-ils libérer l’Afrique des chaînes de l’emprunt ?

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Une révolution silencieuse se prépare dans les coulisses de la finance internationale. Non, il ne s'agit pas d'un nouvel engagement du G7 ni d'un titre accrocheur à la COP. Il s'agit de dette. Plus précisément, l'idée est d'en échanger une partie contre des mesures climatiques.

Cette semaine, on a appris que l'Italie, par l'intermédiaire de son envoyé pour le climat, Francesco Corvaro, étudiait la conversion de dettes en droits de douane en Afrique. Ce n'est pas la première fois que ce modèle est évoqué, mais les enjeux semblent désormais plus importants et l'urgence plus grande. Face à l'augmentation du fardeau de la dette du continent et à l'aggravation des impératifs climatiques mondiaux, cet accord pourrait-il enfin être équitable, ou simplement une nouvelle version d'une vieille dépendance ?

La promesse des échanges de dettes

À la base, un échange de dette contre des mesures climatiques est simple : un créancier accepte d'annuler une partie de la dette d'un pays si l'argent économisé est consacré à des projets climatiques ou environnementaux vérifiables. Les Seychelles l'ont fait en 2015, en partenariat avec Nature Conservancy protéger les écosystèmes marins en échange d'un allègement de la dette. Des idées similaires sont désormais défendues par Initiative de Bridgetown et soutenu, en théorie, par quelques pays du G20.

Pour l'Afrique, l'attrait est évident. Des pays comme la Zambie, le Ghana et le Kenya dépensent davantage pour le service de la dette que pour l'éducation ou la santé. Avec une marge de manœuvre budgétaire limitée, investir dans les énergies propres, l'adaptation ou la reforestation apparaît souvent comme un luxe. Les échanges de dette promettent une solution élégante : financer les objectifs climatiques tout en allégeant la pression budgétaire.

La prise

Mais comme pour beaucoup de choses dans la finance mondiale, le diable est dans les détails.

Les critiques avertissent que, sans une structure équitable, ces échanges pourraient devenir plus symboliques que concrets. Qui décide de ce qui constitue un investissement climatique ? Les communautés auront-elles leur mot à dire ? Seront-ils assortis de conditions similaires aux ajustements structurels antérieurs du type FMI, mais cette fois-ci éco-blanchies ?

De plus, de nombreuses dettes africaines sont dues non pas à l'Italie ou aux pays du Club de Paris, mais à la Chine, à des créanciers privés et à des institutions multilatérales comme la Banque mondiale. La coordination des échanges entre ces créanciers fragmentés constitue un casse-tête logistique et politique.

« Nous risquons de nous retrouver avec des projets symboliques et des séances photos alors que les problèmes structurels plus profonds persistent », déclare le Dr Chiamaka Obiora, économiste climatique nigérian. « Les échanges de dettes peuvent être utiles, mais ils ne constituent pas une solution miracle. »

Vue d'ensemble : le financement climatique est toujours absent

Prenons du recul. Le débat sur la dette pour le climat se déroule dans un contexte de promesses non tenues. L'engagement de longue date de $100 milliards de financement climatique reste non satisfait. Pire encore, une grande partie de ce qui estsignalé comme financement climatique il s’agit d’aides recyclées ou de prêts à taux d’intérêt élevé.

L'Afrique reçoit moins de 31 TP3T de financements climatiques mondiaux. Pourtant, elle abrite plus de 30 des pays les plus vulnérables au climat. Ce paradoxe, souffrir davantage et recevoir moins, est au cœur de la lutte pour la justice dans les négociations mondiales sur le climat.

Les échanges de dettes offrent peut-être une solution. Mais il faut se méfier d'un avenir où l'ambition climatique de l'Afrique serait enfermée dans des accords bilatéraux, au lieu d'être soutenue par un financement international audacieux, prévisible et équitable.

Risque souverain ou agence souveraine ?

Voici une autre perspective : l’agence.

Trop souvent, l'Afrique est le principal interlocuteur dans ces débats. Le continent est perçu comme un bénéficiaire passif des initiatives conçues à Bruxelles, Pékin ou Washington. Mais la tendance est en train de s'inverser. Des pays comme le Kenya et le Nigéria se développent. marchés des obligations vertes. Le Rwanda a adopté une loi autorisant la participation au marché du carbone. Le Sénégal mise gros sur les énergies renouvelables.

Les échanges de dettes ne doivent pas freiner cette dynamique. Au contraire, ils devraient accélérer les stratégies locales. Cela implique d'aligner les échanges sur les plans de développement nationaux, de donner à la société civile les moyens de suivre les résultats et de veiller à ce que les projets climatiques répondent à des besoins réels, de l'énergie solaire pour les communautés hors réseau à la résilience aux inondations dans les bidonvilles urbains.

« Si nous annulons la dette, ne nous contentons pas de planter des arbres », ironise un organisateur communautaire kenyan. « Éclairons les maisons, construisons des cliniques et formons des ingénieurs. »

Que devrait faire l’Afrique ?

Chez Energy Transition Africa, nous pensons que la valeur de tout échange de dette doit être mesurée non seulement en tonnes de carbone ou en taux d’intérêt, mais aussi en termes de vies améliorées.

Les gouvernements africains doivent :

  • Négocier la transparence : publier les termes de tout échange. Permettre aux citoyens et à la société civile de voir ce qui est promis et ce qui est réalisé.
  • Insistez sur des conditions concessionnelles : ces swaps ne doivent pas s’accompagner de coûts cachés ou de responsabilités futures.
  • Impliquer les communautés : les projets financés par des échanges doivent être basés sur les besoins, inclusifs et locaux.
  • Faire pression pour des réformes plus larges : les échanges de dettes devraient faire partie d'une discussion plus large sur la finance mondiale équitable, y compris la réaffectation des DTS, la réforme des subventions aux combustibles fossiles et la fiscalité.

Le chemin à parcourir

L'annonce de l'Italie est une étincelle. Qu'elle devienne un feu de paille ou un feu de paille dépend de la suite des actions de l'Afrique. La dette climatique peut fonctionner, mais seulement si elle est ancrée dans la justice, guidée par les priorités africaines et fondée sur le respect mutuel.

L'Afrique n'a pas seulement besoin d'aide. Elle a besoin d'espace pour respirer, planifier et s'engager. Et si le financement climatique mondial cherche véritablement à être transformateur, alors c'est le moment de dépasser la charité et de privilégier la solidarité.

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