C'est une chose de promettre des milliards. C'en est une autre de les verser de manière transparente, équitable et de manière à changer des vies.
Au lendemain de chaque COP ou de chaque dialogue sur le financement climatique, on entend le titre habituel : « 1 milliard de livres sterling promis pour aider les pays en développement à passer aux énergies propres. » Mais lorsque les caméras s'éteignent et que les reportages s'encombrent numériquement, que devient cet argent ? Où va-t-il, qui décide de son utilisation et, surtout, les personnes les plus touchées par la crise climatique en ressentent-elles les effets ?
Le labyrinthe du financement climatique
L'Afrique, qui contribue à environ 41 TP3T des émissions mondiales, est confrontée à des impacts climatiques parmi les plus graves : inondations, sécheresses, vagues de chaleur et insécurité alimentaire. Selon la Banque africaine de développement, le continent aurait besoin d'environ 14 TP2 800 milliards d'ici 2030 pour atteindre ses objectifs climatiques dans le cadre de l'Accord de Paris. Pourtant, les ressources disponibles sont minimes, et celles qui arrivent disparaissent souvent dans un dédale d'intermédiaires, de frais généraux et de priorités des donateurs.
Selon un Rapport 2023 de la Climate Policy Initiative, seulement 3% du financement climatique mondial parvient à l'Afrique subsaharienne. Pire encore, la majeure partie de ce financement est sous forme de prêts, et non de subventions, ce qui enfonce encore davantage des économies déjà fragiles dans l'endettement.
Le pouvoir des donateurs et la diminution de l'action de l'Afrique
En pratique, le financement climatique reste largement dicté par les donateurs. Les pays et les institutions du Nord fixent les conditions, contrôlent les mécanismes et acheminent souvent les fonds par l'intermédiaire de leurs propres consultants, ONG ou prestataires, laissant ainsi aux gouvernements et à la société civile africains le rôle de responsables de la mise en œuvre plutôt que de décideurs.
Cela crée un cycle dans lequel l’Afrique est à la fois dépendante et démunie.
Les très médiatisés Partenariats pour une transition énergétique juste (JETP), comme celui avec l'Afrique du Sud, promettaient un nouveau modèle. Mais même là, des questions ont surgi concernant la lenteur des décaissements, la faible appropriation locale et la prédominance des consultants étrangers. Retrait des États-Unis du JETP jette un doute supplémentaire sur la fiabilité de tels programmes.
Où va vraiment l’argent ?
Une question cruciale que nous devons commencer à poser avec plus d’audace est la suivante : quel pourcentage des fonds climatiques promis parvient réellement aux projets au niveau communautaire ?
Trop souvent, les ressources sont absorbées au niveau national ou dans les capitales. Une part importante finance des ateliers, des évaluations ou des études de faisabilité, tandis que les communautés en première ligne continuent de cuisiner au bois, manquent d'énergie solaire ou subissent des risques d'inondation non maîtrisés.
Il ne s’agit pas seulement d’un échec bureaucratique. C’est un échec moral.
Plaidoyer pour un système public de suivi du financement climatique
S'il y a une réforme que l'Afrique devrait défendre, c'est la mise en place de mécanismes transparents et de suivi en temps réel des financements climatiques. Imaginez un tableau de bord numérique indiquant les sommes promises, les sommes déboursées, les institutions bénéficiaires et les projets en cours de mise en œuvre.
Des initiatives comme l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA) et Mise à jour sur les fonds climatiques offrent des modèles prometteurs. Mais peu de gouvernements et d'OSC africains utilisent activement ces outils. Les capacités existent. Ce qui manque, c'est la volonté politique et la pression citoyenne.
Le rôle de la société civile : du plaidoyer à la surveillance
La société civile doit assumer un double rôle : non seulement exiger des financements climatiques, mais aussi surveiller leur acheminement. Cela implique :
- Réaliser des audits indépendants des budgets climatiques nationaux.
- Publication de rapports citoyens sur la mise en œuvre du projet.
- Utiliser la radio, les médias sociaux et les réunions communautaires pour démystifier le financement climatique.
Plus les communautés comprennent l’objectif du financement climatique, mieux elles sont équipées pour exiger des résultats.
Vers une architecture de financement climatique axée sur les citoyens
Fondamentalement, le financement climatique doit servir les citoyens. Cela signifie :
- Transférer le pouvoir aux acteurs locaux, et pas seulement aux ministères nationaux ou aux bureaux des donateurs.
- Donner la priorité à l’adaptation, en particulier pour les petits exploitants agricoles, les communautés côtières et les populations urbaines vulnérables.
- Assurer une budgétisation sensible au genre, afin que les femmes, qui sont touchées de manière disproportionnée, ne soient pas seulement bénéficiaires mais décideuses.
Conclusion : De l'argent au sens
Pour que le financement climatique soit véritablement « juste », la justice doit commencer par la transparence, l’inclusion et la responsabilité. L’Afrique ne peut se permettre d’être le bénéficiaire passif d’un système qui n’a jamais été conçu pour elle.
Il est temps de suivre l'argent, non seulement pour en suivre les dollars et les centimes, mais aussi pour en mesurer l'impact, l'équité et le pouvoir. Car la transition écologique ne sera pas juste tant que les personnes marginalisées ne seront pas elles aussi impliquées.
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