Four children playing under solar streetlights in a Goma neighbourhood at dusk with mountains in the background.
Le mini-réseau solaire de Goma change la vie quotidienne, apportant lumière, sécurité et résilience communautaire au cœur d'une zone de conflit.

À l'ombre du conflit, l'énergie solaire reconstruit des vies à Goma

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C'est le soir à Goma, et le soleil vient de disparaître derrière les collines escarpées qui entourent cette ville animée de l'est de la République démocratique du Congo. À la tombée de la nuit, le paysage urbain commence à scintiller, non pas grâce aux générateurs qui s'allument en crépitant, mais grâce aux lampadaires solaires qui projettent une douce lueur constante sur les chemins de terre et les sentiers du quartier. Dans cette région, longtemps en proie à un conflit armé et à des infrastructures négligées, la lumière n'est pas seulement un éclairage ; c'est une bouée de sauvetage.

Depuis fin 2023, les habitants de certains quartiers de Goma ont assisté à une transformation silencieuse mais profonde. Grâce à une mini-réseau solaire Développé par l'entreprise énergétique congolaise Nuru, foyers et petites entreprises sont désormais alimentés par l'un des plus grands systèmes solaires hors réseau d'Afrique subsaharienne. Ce réseau hybride de 1,3 MW fournit une électricité propre et abordable à plus de 3 500 clients, fonctionnant indépendamment du réseau national fragile du pays.

Mais il s'agit de bien plus qu'une histoire de technologie. C'est une histoire de dignité, de survie et de possibilité de paix dans l'une des régions les plus troublées d'Afrique.

De la dépendance au diesel à l'énergie décentralisée

Avant l'arrivée du mini-réseau, la plupart des habitants de Goma utilisaient des générateurs à essence ou au diesel. Ces machines étaient bruyantes, polluantes et coûteuses à l'usage. Aimé Bisamaza, soudeur local, connaît bien ce problème.

« Avant, je dépensais environ 14 000 francs congolais par jour en carburant. Certains jours, je ne pouvais pas travailler du tout si le carburant venait à manquer », dit-il. Désormais raccordé au réseau solaire de Nuru, Aimé paie moins d'un tiers de ce montant pour l'électricité. « Je peux travailler tard le soir. J'accepte plus de travail. J'économise à nouveau. »

Partout en ville, des histoires comme celle d'Aimé se multiplient. Tailleurs, vendeurs de nourriture, bornes de recharge pour téléphones et même coiffeurs restent ouverts plus tard et génèrent davantage de revenus. L'impact économique est tangible. C'est le visage humain de la transition énergétique, où les communautés piégées par la dépendance au diesel trouvent de l'énergie, un but et des possibilités grâce à l'accès à l'énergie solaire.

La lumière comme sécurité : les femmes s'expriment

Goma est depuis longtemps hantée par la violence. La présence persistante de groupes armés, dont les rebelles du M23, rend les déplacements nocturnes risqués, en particulier pour les femmes et les enfants. Mais l'éclairage public à énergie solaire a commencé à changer cette réalité.

Mama Chantal, 42 ans, mère de quatre enfants et vendeuse de nourriture à Katindo, affirme que le changement est remarquable. « Avant, on rentrait précipitamment à la maison avant la nuit. Maintenant, on se sent plus en sécurité. Les enfants jouent dehors un peu plus longtemps. Les gens se rendent à la prière du soir sans crainte. »

Pour elle, l’accès à l’énergie n’est pas seulement une question de productivité ; c’est aussi une question de tranquillité d’esprit.

Garder les lumières allumées pendant la crise

Début 2024, quelques semaines seulement après la mise en service du mini-réseau, les combattants du M23 ont pris le contrôle de certaines parties de Goma. La ville s'est redressée. Les services publics ont vacillé. Mais le réseau a tenu bon.

« Même quand on entendait des coups de feu, nos lumières restaient allumées », raconte Jean-Pierre, un instituteur local. « On pouvait recharger nos téléphones, suivre l'actualité et parler à nos proches. Ça a fait toute la différence. Ça nous a permis de rester connectés. Ça nous a donné espoir. »

Dans une zone de conflit, l’énergie n’est pas seulement un service. C’est un stabilisateur.

Comment fonctionne le réseau

Le mini-réseau de Goma combine des panneaux solaires photovoltaïques, un stockage sur batterie et un diesel de secours pour les jours nuageux. Il fonctionne indépendamment du réseau national et fournit une électricité ininterrompue aux clients grâce à des compteurs intelligents et des systèmes de paiement mobile. La technologie n'est pas nouvelle, mais sa résilience et son évolutivité dans un environnement conflictuel sont révolutionnaires.

Nuru, l'entreprise à l'origine du projet, a travaillé en étroite collaboration avec les dirigeants locaux et des partenaires internationaux pour mettre en place l'infrastructure. Mais surtout, elle a employé des locaux, formé des techniciens et intégré la communauté à la solution.

« Nous n'avons pas seulement apporté de la technologie », a déclaré Jonathan Shaw, cofondateur de Nuru. « Nous avons instauré la confiance. C'est ce qui a permis à ce projet de perdurer, même en période de crise. »

L'énergie au service de la consolidation de la paix

Le mini-réseau de Goma est un argument convaincant en faveur de l'énergie comme outil de consolidation de la paix. En fournissant une électricité fiable, le réseau réduit la dépendance à la contrebande de diesel, souvent contrôlée par des groupes armés. Il améliore les services publics, soutient les petites entreprises et favorise un sentiment de stabilité.

Dans les régions où la présence gouvernementale est faible ou contestée, les infrastructures communautaires deviennent un pilier de la cohésion sociale. L'expérience de Goma montre que les énergies renouvelables décentralisées peuvent contribuer à renouer le tissu social là où il s'est effiloché.

Implications pour la transition juste de l'Afrique

L'Afrique subsaharienne compte plus de 600 millions de personnes privées d'électricité fiable. Si les plans nationaux d'électrification tardent à se concrétiser, les systèmes énergétiques décentralisés offrent une alternative immédiate et évolutive. Goma illustre, les avantages vont au-delà des kilowatts.

Une transition énergétique juste en Afrique doit placer les populations, en particulier celles vivant dans des contextes fragiles, au cœur de ses préoccupations. Les projets doivent être conçus non seulement pour réduire les émissions, mais aussi pour restaurer la dignité, créer des emplois et consolider la paix.

Leçons en matière de politique et d'investissement

Le modèle de Goma offre des enseignements précieux aux décideurs politiques et aux investisseurs :

Le financement ne devrait pas être uniquement destiné aux grands réseaux nationaux, mais également à des solutions locales et modulaires qui peuvent être rapidement déployées dans les zones mal desservies.

Où allons-nous à partir d’ici ?

La question n'est pas de savoir si les mini-réseaux solaires peuvent fonctionner en Afrique. Goma a répondu à cette question. La question est désormais de savoir si les gouvernements, les donateurs et les acteurs du secteur privé sauront déployer ce modèle à grande échelle.

Si la paix peut être renforcée par la lumière, alors les investissements dans l’énergie doivent être considérés comme faisant partie des programmes humanitaires et de développement.

Conclusion : éclairer la voie à suivre

Ce qui s'est passé à Goma ne devrait pas être exceptionnel. Il devrait constituer un précédent. Alors que l'Afrique est confrontée au double défi de la précarité énergétique et du changement climatique, les énergies renouvelables décentralisées offrent une voie à la fois pragmatique et stimulante.

Dans l'ombre du conflit, la lumière est revenue à Goma. Et avec elle, un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler un avenir énergétique juste et centré sur les populations.

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