Rural African women and child near huts with a large gas flare burning in the distance at sunset.
Un village rural africain fait face à la lueur ardente d'une torche à gaz, symbolisant la tension entre la dépendance aux combustibles fossiles et les besoins de la communauté.

Élimination progressive des combustibles fossiles ? Pourquoi les plans climat africains révèlent une tout autre réalité

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À chaque conférence mondiale sur le climat, le message est toujours clair : le monde doit mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles.

Les discours sont rythmés et rapides. Les scientifiques mettent en garde contre les dangers du charbon, du pétrole et du gaz, et les militants brandissent des banderoles exigeant des changements urgents. Les diplomates, quant à eux, s'engagent à agir plus vite.

L’expression « élimination progressive des combustibles fossiles » est désormais courante dans les gros titres et les déclarations des sommets.

Mais lorsqu'on examine les plans climatiques officiels de l'Afrique, le message change. De nombreux gouvernements du continent se sont engagés à lutter contre le changement climatique. Ils parlent d'énergie solaire, de parcs éoliens, de bus électriques et de villes vertes.

Pourtant, leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) révèlent une tout autre réalité. La plupart des CDN africaines mentionnent à peine l'élimination progressive des combustibles fossiles. Certaines l'évitent complètement, tandis que beaucoup considèrent le gaz comme l'avenir.

Peu d'engagements, gros risques

Une étude réalisée par des groupes de recherche sur le climat E3G et Analyse zéro carbone Il a été constaté que moins de la moitié des pays africains ont abordé la question de l’élimination progressive du charbon dans leurs CDN.

Presque aucun pays n'a évoqué de projet de réduction des émissions de pétrole et de gaz. Au contraire, de nombreux pays promeuvent désormais le gaz naturel comme « carburant de transition ». L'argument le plus souvent avancé est que le gaz fournira de l'électricité à des millions de personnes, stimulera les industries et réduira la dépendance aux combustibles plus polluants comme le charbon et le diesel.

Cette stratégie paraît raisonnable sur le papier, mais elle comporte des risques. Les infrastructures gazières sont coûteuses et leur construction est lente. La construction de pipelines, d'usines de traitement et de terminaux d'exportation prend des années. Une fois construits, ces projets peuvent enfermer les pays dans l'utilisation des combustibles fossiles pendant des décennies.

L’Afrique pourrait se retrouver à investir des milliards dans des infrastructures que le monde rejettera bientôt.

L'accès à l'énergie est important

Pourquoi les gouvernements africains évitent-ils de prendre des engagements forts en matière de combustibles fossiles ?

La réponse réside dans la précarité énergétique. Environ 600 millions de personnes en Afrique subsaharienne vivent sans électricité. Dans de nombreux pays, les pénuries d'énergie sont fréquentes. Les coupures peuvent durer des heures, voire des jours.

Les dirigeants affirment que l'Afrique ne peut pas ignorer le gaz. Conférence Enlit Africa 2025 Au Cap, les ministres ont présenté leurs arguments.

Ils ont déclaré que l'Afrique ne pouvait pas se permettre de choisir entre les combustibles fossiles et les énergies renouvelables. Ils ont également souligné la nécessité de solutions pratiques pour maintenir les foyers et les industries en activité.

Le gaz, selon eux, est une solution. Pourtant, cette position reflète un défi plus vaste. Les dirigeants africains doivent trouver le juste équilibre entre ambition climatique et réalité économique.

Pression mondiale, priorités locales

Depuis des années, nous sommes confrontés à ces tensions où les campagnes mondiales pour le climat exigent une élimination rapide des combustibles fossiles, et de nombreux dirigeants africains affirment que l'accent devrait être mis sur autre chose.

Ils soutiennent que le monde devrait être plus attentif aux priorités de l'Afrique. Or, dans la plupart de ces pays, la principale préoccupation n'est pas d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Il s'agit plutôt de construire des systèmes énergétiques fiables et opérationnels dès aujourd'hui.

Certains dirigeants considèrent le gaz comme un combustible de transition pouvant soutenir les énergies renouvelables. D'autres le voient comme un moteur économique susceptible de générer des emplois et des revenus. Mais le débat n'est pas seulement technique ou scientifique ; il est politique et économique sur le continent.

Communautés absentes des plans

Il existe un autre problème. La plupart des CDN africaines se concentrent fortement sur les émissions et le financement international. Elles consacrent des pages aux risques climatiques, aux besoins d'adaptation et aux objectifs en matière d'énergie propre, mais parlent très peu des travailleurs et des communautés qui dépendent des combustibles fossiles.

Prenons l'exemple du Nigéria. Des millions de personnes dépendent des emplois liés au pétrole et au gaz. Des régions et des États entiers dépendent de l'économie des énergies fossiles. Pourtant, la CDN du Nigéria mentionne peu ces travailleurs.

L'Afrique du Sud est légèrement plus avancée. Son Partenariat pour une transition énergétique juste prévoit des plans de soutien aux travailleurs du charbon et aux villes minières. Mais même dans ce cas, les détails restent limités.

Trop de plans climatiques ne répondent pas à des questions essentielles telles que : Qu'advient-il des travailleurs dans les économies dépendantes du pétrole ? Comment les gouvernements peuvent-ils aider les villes charbonnières à développer de nouvelles industries ? Qui protège les petites entreprises liées aux projets gaziers ?

Sans réponses à ces questions, la transition énergétique risque de laisser des personnes de côté.

Où le changement pourrait commencer

Nous reconnaissons que nous commençons à observer un changement d'approche dans certains de ces pays africains. Par exemple, le partenariat de l'Afrique du Sud avec les donateurs internationaux prévoit des milliards de dollars de financement pour les énergies renouvelables, la modernisation des réseaux de transport et la formation des travailleurs. Le Nigéria a lancé des plans pour assurer une transition énergétique équitable.

Mais il reste encore beaucoup à faire. La plupart des CDN reposent encore sur un langage obsolète datant de plusieurs années. Elles évitent souvent de prendre des engagements concrets concernant l'élimination progressive des combustibles fossiles et mentionnent rarement la création d'emplois ou la protection sociale. Ce manque de clarté laisse un vide majeur dans les plans climatiques africains.

Au-delà des mots

L'Afrique est confrontée à un difficile exercice d'équilibre. Le continent a besoin de davantage de puissance pour stimuler son développement.

Dans le même temps, le pays est confronté à de graves risques climatiques : inondations, sécheresses et vagues de chaleur dévastent déjà les communautés.

Ce double défi exige des plans clairs et honnêtes. Les gouvernements africains doivent cesser de se cacher derrière des déclarations vagues. Ils doivent expliquer comment ils comptent équilibrer leurs investissements gaziers avec leurs objectifs en matière d'énergies renouvelables et expliquer comment ils protégeront les travailleurs pendant la transition.

Il est également nécessaire de faire preuve de transparence sur les compromis auxquels ils sont confrontés, faute de quoi l’écart entre les promesses et la réalité s’élargira.

Les négociations mondiales sur le climat continueront de promouvoir l'abandon progressif des combustibles fossiles. Mais sans véritables plans pour répondre aux défis spécifiques de l'Afrique, les progrès stagneront.

Un appel au réalisme et à l'action

Chez Energy Transition Africa, nous connaissons bien ces débats. Sur le terrain, nous constatons quotidiennement la tension entre ambition climatique et précarité énergétique.

Nous sommes convaincus que l'Afrique peut bâtir un avenir énergétique propre, juste et fiable. Mais cet avenir exige de l'honnêteté ; il faut reconnaître que le gaz à lui seul ne résoudra pas les problèmes de l'Afrique. Les gouvernements doivent investir dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques et l'efficacité énergétique.

Les dirigeants africains sont confrontés à des choix difficiles. Mais il est clair que Les plans climatiques axés sur la communauté sont la première étape vers une transition énergétique qui profite à tous.

Sans eux, des millions de personnes continueront d’attendre dans le noir.

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