A rural African woman and child illuminated by a kerosene lamp in a dark home, symbolizing the energy poverty crisis affecting millions without access to electricity.
Dans de trop nombreuses communautés africaines, la nuit est encore synonyme d'obscurité. La précarité énergétique ne se limite pas à l'électricité : elle est aussi une question d'opportunités, de dignité et de justice.

Les 400 millions d'Africains oubliés : pourquoi la pauvreté énergétique est une injustice climatique

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J'ai grandi dans l'État de Cross River, au Nigéria, où forêts denses et communautés dynamiques se côtoient. Aujourd'hui encore, de retour chez moi, je suis frappé par le fait que nombre des villages où j'ai joué enfant sont encore plongés dans le noir complet. Pas d'éclairage public. Pas d'électricité fiable. Juste des lampes à pétrole et la lueur des poêles à bois qui éclairent les maisons longtemps après le coucher du soleil. Ce n'est pas un vestige du passé ; c'est encore le présent pour d'innombrables communautés à travers l'Afrique au XXIe siècle.

Cette réalité n'est pas isolée. Plus de 400 millions de personnes en Afrique subsaharienne vivent sans accès à l'électricité. 900 millions d'autres dépendent de combustibles nocifs comme le bois de chauffage et le charbon de bois pour cuisiner. Il ne s'agit pas seulement d'une crise du développement, mais d'une urgence de justice climatique.

Le monde entier parle d'hydrogène vert et de véhicules électriques. Mais comment ces innovations aident-elles une jeune fille qui ne peut pas lire le soir parce que sa maison est privée d'électricité ?

La pauvreté énergétique aggrave les inégalités

Données de Action pratique Une étude révèle le lien dévastateur entre précarité énergétique et extrême pauvreté. Les pays où l'accès à l'électricité est le plus faible affichent également les taux les plus élevés d'insécurité alimentaire, de mortalité infantile et d'exclusion liée au genre.

En Afrique, cette statistique n'est pas abstraite. En Éthiopie, où 60% de la population rurale n'a pas accès à l'électricité, les résultats en matière de santé maternelle sont loin derrière les moyennes mondiales. Au Nigéria, les écoliers des zones hors réseau ont trois fois plus de risques d'abandonner leurs études.

Et pour les femmes ? Le fardeau est encore plus lourd. Les heures perdues à ramasser du bois de chauffage se traduisent par une perte de revenus, moins de temps pour se former et une plus grande exposition au danger.

La transition énergétique doit inclure les pauvres

Une transition énergétique juste ne se limite pas à la réduction des émissions de carbone. Elle implique de garantir que tous, et en particulier les plus vulnérables, bénéficient du passage aux énergies propres.

Cela signifie :

  • Donner la priorité aux solutions renouvelables décentralisées comme les systèmes solaires domestiques et les mini-réseaux
  • Financer des alternatives de cuisson propres pour remplacer le bois et le charbon de bois
  • Cibler les zones rurales et hors réseau avec des politiques énergétiques du dernier kilomètre

Il ne s'agit pas de charité, mais d'une politique intelligente. Selon l'Agence internationale de l'énergie, chaque dollar investi dans l'accès à l'énergie rapporte jusqu'à 1 TP4T15 en amélioration de la santé, de la productivité et de l'éducation.

Que peut-on faire ?

Les gouvernements africains doivent montrer l'exemple avec des plans nationaux d'électrification ambitieux qui ne laissent personne de côté. Mais ils ont également besoin du soutien international :

  • Le financement climatique doit être orienté vers l’accès à l’énergie, et pas seulement vers les énergies renouvelables à grande échelle.
  • Les acteurs du secteur privé devraient être incités à construire des marchés de l’énergie inclusifs et abordables
  • La société civile doit continuer à exiger la transparence et l’équité dans les stratégies nationales de transition

Conclusion : éclairer le milliard le plus pauvre

L'Afrique ne manque pas d'innovation. Elle manque aussi d'inclusion.

On ne peut pas parler de transition énergétique réussie si 400 millions d'Africains sont encore dans le noir. La véritable mesure du progrès ne se mesure pas au nombre de parcs solaires construits, mais au nombre d'enfants comme Blessing qui peuvent lire sous une lumière propre et sûre.

Faisons de l’accès à l’énergie le cœur du programme de justice climatique de l’Afrique.

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Responsable de la région Afrique à  |  + de messages

Vincent Egoro est une voix africaine de premier plan en matière de transition énergétique juste, d'élimination progressive des combustibles fossiles et de gouvernance des minéraux critiques. Fort de plus de dix ans d'expérience en plaidoyer régional, il œuvre à l'intersection de la transparence, de la responsabilité et de la durabilité, promouvant des solutions communautaires qui placent l'Afrique au cœur de l'action climatique mondiale.

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